anneliese
sérigraphie sur papier marouflé sur bois, 2010

11 x (12 x 19 cm)

Fin des années 1960. On diagnostique des crises d’épilepsie chez Anneliese Michel, puis des crises incluant des tremblements et des hallucinations. Plus tard, elle affirme voir des visages diaboliques, notamment lorsqu’elle prie. Elle est soignée en hôpital psychiatrique. Plusieurs médicaments sont prescrits mais les crises reviennent. Les médicaments sont arrêtés. Elle se montre violente. Lors d’un pèlerinage en Italie, elle est incapable de faire face à un crucifix et refuse de boire une eau considérée comme sacrée. Elle-même et son entourage considèrent qu’elle est possédée par le Diable. Ses crises empirent. Ses parents, catholiques croyants et rigoureux, la gardent chez eux. Un prêtre accepte de l’examiner et associe ses symptômes à ceux d’une possession. En septembre 1975, l’Eglise autorise l’exorcisme selon le rite catholique romain. Après dix mois et soixante-sept séances, Anneliese meurt à vingt-quatre ans. L’autopsie indique une sous-alimentation et une déshydratation. Les parents et les prêtres plaident non-coupable. Le procès diffuse une partie des enregistrements sonores des séances d’exorcisme. La justice condamne les parents, ainsi que les deux prêtres ayant exécuté le rituel, de négligence ayant entraîné la mort.

Un libraire de seconde main vend un manuel de psychologie dans lequel sont décrits des symptômes de schizophrénie. Il vend aussi un manuel de catéchisme dans lequel sont évoqués le Diable et la tentation. Le premier date des années 1970. Le second date des années 1930, époque durant laquelle les parents et les prêtres ont sans doute été initiés au catholicisme. Onze pages des livres sont sélectionnées et collées sur des morceaux de bois.

Une couleur mêlant le gris et le doré, très transparente, imprime le portrait de chaque prêtre sur une page de cathéchisme. La couleur imprime aussi le portrait d’Anneliese sur une page de psychologie.

Un prêtre est placé de chaque côté du portrait d’Anneliese. à côté de chacun des prêtres, un autre morceau de bois affiche une page de psychologie. Au-dessus de cette ligne de cinq, une ligne de trois morceaux de bois et par dessus, encore un bois seul. En dessous de la ligne de cinq, un morceau de bois et encore en dessous, un dernier bois seul. La composition ne forme pas exactement une croix chrétienne, plutôt un totem.

Des fondus rectangulaires sont tramés pour y être imprimés. Chaque passage est extrêmement transparent, de sorte que pour obtenir une couleur franche, de nombreuses trames doivent être superposées. En haut, les dégradés rejoignent le bleu, en bas le noir. à gauche et à droite, ils rejoignent le rouge puis le noir. L’ensemble évoque un vitrail aux couleurs acides, sinon qu’aucune lumière ne provient de l’arrière, et que la couleur de chaque morceau de bois contamine celles de ceux qui l’entourent, comme s’il les combattait.
Pour exemple, entre les prêtres, le jaune baignant le portrait d’Anneliese a ses bords contaminés de rouge.